Fibre optique : le ralentissement du déploiement inquiète

Le rythme du déploiement des réseaux à très haut débit dans l’Hexagone poursuit son ralentissement, dans la continuité du mouvement constaté l’année dernière. D’après l’Observatoire de l’Arcep, l’expansion de la couverture en fibre optique a été limitée à un point au cours des trois premiers mois de 2024.

5,5 millions de locaux à raccorder d’ici 2025 pour atteindre une couverture à 100 %

680 000 nouveaux locaux résidentiels et commerciaux ont été rendus éligibles à la fibre optique (FttH pour l’anglais « Fiber to the home ») entre le 1er janvier et le 31 mars, soit un recul de 19 % sur un an. À la fin du premier trimestre, 38,7 millions de foyers, représentant 87 % de l’ensemble des locaux en France, étaient raccordables au très haut débit.

ImportantSi l’avancée est appréciable, avec 5,5 millions de locaux restant à raccorder, l’objectif ambitieux de couvrir 100 % du territoire en fibre d’ici fin 2025, comme le souhaite le président, paraît difficilement atteignable.

Sans surprise, les Français qui n’ont pas encore accès à la technologie résident en zone rurale. Ces locaux se répartissent entre les zones d’initiative privée (1,6 million) et les zones moins denses desservies par les Réseaux d’Initiative Publique ou RIP (3,1 millions), tandis que les grandes agglomérations urbaines comptent seulement un demi-million de logements restants à équiper en fibre.

La complexité des derniers raccordements, qui requièrent des travaux de génie civil sur la voie publique ou chez les particuliers, constitue un obstacle supplémentaire. En 2023, l’Arcep estimait le surcoût moyen de ces opérations entre 4 000 euros et 5 000 euros, soit dix fois plus qu’un raccordement standard.

Un déploiement poussif critiqué par l’UFC Que Choisir

La présidente de l’UFC-Que Choisir, Marie-Amandine Stévenin, s’alarme de ce retard et des conséquences négatives pour les consommateurs. Elle dénonce la signature, entre l’Exécutif et Orange, d’un partenariat qu’elle qualifie de « douteux », dans la mesure où l’accord, non seulement abaisse les objectifs de couverture de la fibre optique, mais rogne le budget de l’État dédié au très haut débit de 155 millions d’euros.

Elle souligne en outre qu’il n’est pas toujours possible de brancher les immeubles dits raccordables.

Des dizaines de milliers de ménages se plaignent ainsi de problèmes divers : défauts techniques, débranchements non autorisés, détériorations de la structure du bâtiment, rendez-vous manqués… L’association constate en conséquence une hausse de 64 % du nombre de signalements de litiges liés au raccordement à la fibre.

Madame Stévenin regrette vivement que la promesse d’un droit au très haut débit formulée par Jean-Noël Barrot, ancien ministre délégué au numérique, ne se soit jamais concrétisée.

Marie-Amandine Stévenin

Elle fustige également l’inaction de l’Assemblée nationale concernant la proposition de loi du sénateur Patrick Chaize, qui visait à octroyer aux consommateurs des indemnités ou la possibilité de résilier leur contrat sans frais en cas de raccordement à la fibre infructueux.

Intérêt croissant pour la fibre optique malgré le retard de déploiement

Enfin, la présidente de l’association de défense des consommateurs pointe du doigt les opérateurs télécoms pour le non-respect de leurs engagements concernant le déploiement de la fibre optique. Et cela, bien que l’Arcep ait mis Orange et SFR en demeure le 28 mai dernier afin qu’ils complètent les installations FttH dans les zones AMII (Appel à Manifestation d’Intention d’Investissement) avant fin 2025.

Orange a pour obligation de rendre raccordables environ 560 000 locaux dans les localités concernées, ce qui représente 19 % des 2,97 millions de foyers recensés sur ce territoire. Quant à XpFibre, filiale de SFR, elle doit encore « fibrer » 53 000 locaux, soit 15 % des 340 000 logements situés sur son secteur d’intervention.

L’urgence du déploiement de la fibre optique est d’autant plus pressante que les Français affichent un engouement croissant pour cette technologie.

ImportantPreuve de cet enthousiasme, au premier trimestre 2024, l’Arcep a enregistré 810 000 nouvelles souscriptions au très haut débit, pour 680 000 locaux équipés. 24,9 millions de Français étaient abonnés au 31 mars, représentant 77 % de la population des détenteurs d’une offre internet.

Cette augmentation de 7 points en un an confirme un attrait grandissant qui devrait s’intensifier avec la fermeture du réseau cuivre et de l’ADSL.

À retenir
  • Le déploiement de la fibre optique en France ralentit, avec seulement 680 000 nouveaux locaux ont été raccordés au premier trimestre 2024.
  • 5,5 millions de locaux, principalement en zones rurales, restent à raccorder.
  • L’UFC-Que Choisir critique le retard et les engagements non tenus des opérateurs.
  • Les Français manifestent un enthousiasme croissant pour la fibre optique avec 810 000 nouvelles souscriptions au très haut débit au premier trimestre 2024.